La démocratie municipale à Montmagny: 1845-2018

De la période coloniale de la Nouvelle-France jusqu’au milieu du 19e siècle, l’administration territoriale est exercée par le seigneur; c’est le régime seigneurial.

La fondation de la municipalité de village de Saint-Thomas-de-Montmagny coïncide avec l’adoption de la loi municipale de 1845, qui entraîne dans son sillage la création de plus de 300 municipalités dans le Canada-Est (Québec). En vertu de cette loi, les habitants de chaque municipalité locale comptant plus de 300 âmes doivent former une corporation représentée par un conseil de sept conseillers élus. Ces représentants, élus pour un mandat de deux ans, doivent procéder ensuite à l’élection d’un maire choisi dans leur groupe.

Cette loi donne au conseil municipal le pouvoir de nommer ses fonctionnaires, de voter des règlements pour le bon ordre, l’acquisition ou la vente de biens, la construction ou la location d’édifices, la construction de chemins, de clôtures, etc… Pour financer les dépenses encourues,  le conseil obtient le pouvoir de prélever des taxes ou d’emprunter les sommes nécessaires à la réalisation des travaux.

Dès sa fondation, le 13 octobre 1845, les habitants du village se donnent un premier conseil municipal. Ils élisent sept citoyens: Louis-Charles Dupuis, Jean Boulet, Louis-David Lépine, Jean-Baptiste Collin, Louis Fournier, Jacques Després et François-Xavier Talbot. La première rencontre de la corporation municipale se tient le 21 novembre 1845 dans la maison d’école de l’Institution Royale, située sur la rue St-Louis. C’est le capitaine de bateau Louis Fournier qui est alors élu maire. Il occupera ce poste jusqu’en 1853, puis de 1858 à 1859, entrecoupé par les règnes de Joseph Marmette et de François-Xavier Talbot.

James Oliva prend ensuite la relève pour plusieurs mandats de 1859 à 1873. L’équipe de conseillers de 1859 est composée de François-Xavier  Gendreau, Thomas Thibault, Thomas Talbot, William Lee Patton,  Joseph Laberge,  Godefroi Talbot et Xavier Bernier.

À la suite des élections du 15 février 1873, Joseph Théberge est élu comme maire parmi l’équipe de conseillers composée de Eugène Boulanger, François-Xavier Gendreau, Joseph Laberge, Édouard Lemieux et Thomas Thibault. Son expérience sera brève et prendra fin à la suite des élections de 1876.

L’homme d’affaires, capitaine de bateau et député provincial Nazaire Bernatchez lui succédera pour plusieurs mandats échelonnés entre 1876 à 1889. Albert Fiset, Eugène Fournier, François-Xavier Gendreau, Godefroi Létourneau, Louis Létourneau et Joseph Michon, formaient sa première équipe de conseillers.

La carrière de maire de Nazaire Bernatchez fut entrecoupée par celle du notaire et conseiller municipal d’expérience François-Xavier Gendreau qui a occupé le poste de 1884 à 1888.

Entre 1889 et 1909, pas moins de huit maires se partagent 10 mandats plus ou moins longs:

Joseph-Albert Bender: 1889-1890

Conseillers:  Candide Corriveau, Télesphore Coulombe, Aleandre Fournier, Cléophas Guay, Albert Normand et  Napoléon Proulx.

Joseph Couillard-Lislois: 1890-1895

Cyrias Roy: 1896-1897

Joseph Couillard-Lislois: 1898-1900

Elzéar Boulanger: 1901-1902

Conseillers élus en 1901: Alfred Fortin, Télesphore Gendreau, Herménégilde Guénard, Noël Paquet, Wilfrid Talbot et  Joseph Thibault.

Maurice Rousseau: 1902-1905 (démission le 24 octobre 1905)

Conseillers élus en 1902: Alfred Fortin, Télesphore Gendreau, Herménégilde Guénard, Wilfrid Talbot et Joseph Thibault.

Conseillers élus en 1904: Amédée Côté, Télesphore Gendreau et Wilfrid Talbot.

Conseillers de 1905: Herménégilde Guénard, Alfred Fortin, Télesphore Gendreau, Joseph Thibault, Elzéar Boulanger et Wilfrid Talbot.

Télésphore Gendreau: 1906-1907

Conseillers: Édouard Lemieux,  Adélard Fortin,  Amédée Côté, Herménégilde Guénard, Mathias Lislois, Wilfrid Talbot.

Télesphore Coulombre: 1907-1909 (démission)

Conseillers: Joseph Cloutier, François Deschênes, Herménégilde Guénard, Mathias Lislois.

En 1909, l’avocat Joseph-Albert Bender est élu de nouveau à titre de maire. Il entreprendra alors un règne de quatre mandats. Pour une raison inconnue, et selon les données disponibles, il semble que le nombre légal de membres au conseil municipal (7) n’ait pas été respecté durant cette période.

Conseillers élus en 1909: Alexandre Fournier et Godefroi Casault.

Conseillers élus en 1910: Pierre Nicole et Onésiphore  Proulx.

Conseillers élus en 1915: Adolphe Bernier, Télesphore Coulombe, Napoléon Létourneau,  Arthur-Napoléon Normand. L’élection de 1915 aurait été la première à Montmagny à utiliser le concept de vote secret. Désormais, le maire, tout comme les conseillers, est élu par tous les contribuables…masculins!

Jean-Baptiste-Césaire Tondreau remporte par acclamation l’élection de 1919. Il entreprendra son unique mandat avec une équipe de sept conseillers.

Conseillers:  Edmond Bernatchez, Candide Corriveau, Alfred Fortin, Napoléon Létourneau, Joseph Parent , Léo Richard et Raoul Thibault.

Aux élections de 1921, Télesphore Coulombe entreprend une première série de mandats comme maire. Il sera ainsi le principal magistrat de la ville jusqu’en 1929.

Conseillers élus en 1921: Joseph Blanchet, Candide Corriveau, Joseph Francoeur, Alphonse Gaudreau, Napoléon Létourneau.

Conseillers élus en 1923:  Edmond Bernatchez, Arcadius Caron, Alphonse Gaudreau,  Thomas Lacombe, Napoléon Létourneau, Philippe Nicole, Willie Paquet.

Conseillers élus en 1925: Joseph Blanchet, Candide Corriveau, Joseph Francoeur, Alphonse Gaudreau, Napoléon Létourneau.

Conseillers élus en 1927: Joseph Blanchet, Candide Corriveau, Joseph Fournier, Napoléon Létourneau, Willie Paquet,  Wilfrid Proulx.

Adolphe Bernier est ensuite élu maire pour deux mandats consécutifs, de 1929 à 1933.

Conseillers élus en 1929: Edmond Bernatchez, Joseph Boulet, Candide Corriveau, Télesphore Coulombe, Donat Lacoursière, Narcisse Morin.

Conseillers élus en 1931: Henri Boulet, Alfred Dion, Roch Fradette, Eugène Létourneau, Willie Paquet, Joseph Paré,  Louis-O. Roy.

De 1933 à 1935 le poste de maire est occupé par Raoul Boulanger. Son équipe se compose des conseillers suivants:  Alfred Dion, Henri Gaudreau, Joseph Nicole, Joseph Paré, Pierre Corriveau, Joseph-Albert Blais, et Eugène Létourneau.

L’élection du 25 janvier 1935 est contestée. L’homme d’affaires et politicien Charles-Abraham Paquet se prétend élu mais son élection est annulée, le 18 février, par le juge Laliberté. C’est finalement le médecin Philippe Richard qui est élu par acclamation. Pour son premier mandat, son équipe de conseillers se composera de : Godefroy Boulet,  Télesphore Coulombe, Alfred Dion, Henri Gaudreau, Elzéar Méthot, Joseph Nicole et Joseph Paré. Le maire Richard ainsi que toute son équipe sont réélus par acclamation lors de l’élection de 1937.

En 1939, Télesphore Coulombe revient à la mairie pour une série de trois mandats. Son équipe de conseillers et le maire sont, dans tous ces cas, élus par acclamation.

Conseillers élus en 1939: Adolphe Bernier, Théodore Fortin, Raoul Fournier, Henri Gaudreau, Maurice Marquis, Rénald Morin, Ernest Proulx.

Conseillers élus en 1941:  Joseph Beaudoin, Godefroi J. Boulet, Raoul Fournier, Désiré Gaulin, Maurice Marquis, Ernest Masson, William Masson.

Conseillers élus en 1943: Antonin Casault, Raoul Fournier, Alphondor Labrecque, Eugène Létourneau, William Masson, Armand Paquet.

Au scrutin de 1945,  Adrien Collin est élu comme maire avec 145 voies de majorité sur Télesphore Coulombe. Voir, en image, la mosaïque du conseil municipal de 1945.

Narcisse Morin lui succède en 1947 avec 273 votes de majorité sur son adversaire Louis-O. Roy. Voir, en image, la mosaïque du conseil municipal de 1947.

Avec 144 voix de majorité sur le maire sortant, Louis-O. Roy est élu en 1949. Il entreprendra six mandats comme maire, soit jusqu’en 1964. Ses autres victoires se soldent par de bonnes majorités:  195 voix en 1953, 504 voix en 1955 et 361 en 1961 ou par des victoires par acclamation en 1951 et 1958. Voir, en image, les mosaïques des conseils municipaux de 1949-1951-1953-1958 et 1961.

Conseillers élus en 1955: André Bernatchez, Adolphe Corneau, Patrice Corriveau, Louis Fournier, Arthur Lacroix, Robert Morin et Hervé Vézina.

En 1964, avec 600 voix de majorités, l’industriel Adrien Collin remporte, sur le conseiller Patrice Corriveau, un second mandat (1945-1947) à la mairie. C’est pendant cette période que sont entreprises les négociations entre la Municipalité de paroisse de St-Thomas-de-la-Pointe-à-Lacaille et la Ville de Montmagny afin de fusionner les deux administrations du territoire. La fusion est ratifiée le 15 février 1966 par un arrêt ministériel. Adrien Collin et le maire de la Municipalité de paroisse, Gérard Thibault, sont les deux grands responsables de ce changement. Les Lettres Patentes de la nouvelle Cité de Montmagny paraissent dans la Gazette Officielle le 29 avril de la même année. Voir, en image, la mosaïque du conseil municipal de 1964.

À l’élection du 6 novembre 1966, le médecin Cajetan Gauthier l’emporte par 1 405 voix contre 329 pour son adversaire Gérard Thibault. Il entreprend son premier de cinq mandats comme maire. Il sera élu par acclamation en 1969, 1973 et 1977, puis il l’emportera par près de 2 000 voix sur son adversaire Rodrigue Godbout en 1981. C’est pendant son administration que la durée des mandats des conseils municipaux est établie à quatre ans. Voir, en image, les mosaïques des conseils municipaux de 1966, 1969, 1973, 1977 et 1981.

Lors du scrutin de 1985, le maire sortant, Cajetan Gauthier est battu par une majorité de 1 594 voix par autre médecin, Gilbert Normand. Ce dernier sera réélu par acclamation à l’élection de 1989. Voir, en image, les mosaïques des conseils municipaux de 1985 et 1989.

À l’élection du 7 novembre 1993, Jean-Claude Croteau remporte l’élection au poste de maire sur son adversaire Richard Guimont. Cette élection amorcera le premier de ses trois mandats. Élu par acclamation au scrutin de 1997, il vainc Mario Cantin par 1 376 voix en 2000. Voir, en image, les mosaïques des conseils municipaux de 1993, 1997 et 2000.

Quatre candidats sont en élection au poste de maire lors de l’élection de 2005. Jean-Guy Desrosiers l’emporte par 1 585 voix sur son plus proche rival. Il sera élu par acclamation pour un second mandat en 2009 puis par une majorité de 1 207 voix pour un troisième mandat en 2013. Voir, en image, les mosaïques des conseils municipaux de 2005, 2009 et 2013.

Après quatre mandats comme conseiller, Rémy Langevin remporte les élections de novembre 2017. Trois candidats étaient en liste pour le poste de maire. Voir, en image, la mosaïques du conseil municipal de 2017.

Conclusion : Depuis les débuts de la démocratie municipale, 25 élus (tous des hommes) agiront comme maires.  La première femme élue au conseil municipal de Montmagny sera madame Gabrielle R. Denault lors de l’élection de 1961. Elle agira à titre de conseillère durant trois mandats (1961-1964, 1977-1981 et 1981-1985. Au cours des années, d’autres dames viendront jouer une rôle positif à l’intérieur des différentes administrations municipales. Madame Jeanne L. Boulanger sera la deuxième femme élue (1973-1977). Puis la voie étant tracée, plusieurs voix féminines agiront dans des conseils majoritairement masculins: mesdames France Nicole (1981-1985, 1985-1989), Jeanne D’Arc St-Pierre-Morin (1985-1989, 1989-1993), Louise Casault (1989-1993), France Roy-Dumas (1993-1997), Lise Vachon (2001-2005). Au conseil municipal actuel, madame Sylvie Boulet a été élue en 1917 pour un mandat de quatre ans.

Crédits: 

Recherches: Gaston Caron

Images: Société d’histoire de Montmagny et Ville de Montmagny

Production: Société d’histoire de Montmagny et Ville de Montmagny