LA FONDATION


L’histoire de Montmagny et de son village d’origine, Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille, commence peu de temps après les premières interventions françaises en Nouvelle-France. Fréquenté par les Amérindiens dans leurs activités saisonnières de pêche et de chasse, le territoire de la seigneurie de la Rivière-du-Sud est concédé le 5 mai 1646 au gouverneur de la Nouvelle-France Charles-Huault de Montmagny. Celui-ci exploite peu son domaine et quitte la colonie peu après l’acquisition du territoire. En 1655, Louis Couillard de Lespinay, petit-fils de Louis Hébert, acquiert la seigneurie mais l’exploitation intensive tardera jusque vers 1674. Seulement quelques familles pionnières ont commencé à défricher leur terre.

 

 

LA PAROISSE RELIGIEUSE


À compter de 1679, des missionnaires visitent occasionnellement les paroissiens de Saint-Thomas-de-la-Pointe-à-la-Caille alors qu’en 1714, un curé résident est nommé. L’église est érigée sur les rives du fleuve Saint-Laurent sur la Pointe-à-la-Caille. Pendant près d’un siècle, le site est le centre des activités paroissiales. Toutefois, en 1766, l’érosion des berges du fleuve oblige les habitants à quitter leur village et à reconstruire leur église. Dans la controverse, les citoyens de Saint-Thomas s’installent plus à l’Est près de la rivière-du-Sud. C’est sur ce territoire que s’édifie lentement la ville de Montmagny. Pendant trois siècles, la population est réunie autour du même clocher. L’incendie de son église en 1948 provoque la création d’une seconde paroisse catholique, placée sous le vocable de Saint-Mathieu.

 

 

LA POPULATION


En 1714, Montmagny compte 350 habitants alors que vers 1762, la population est de 1500 âmes dont 126 Acadiens dépossédés de leur terre par les Anglais[1]. Au XIXe siècle, la population progresse à un rythme modulé par les naissances nombreuses et les différentes conjonctures économiques. Le recensement de 1871 indique une population de 4305 personnes alors que dix ans plus tard une faible croissance démographique est enregistrée. Comme ailleurs au Québec, l’exode rural et l’émigration vers les États-Unis se font sentir. La plus forte augmentation de la population s’effectue dans les décennies 1910 et 1920. Aujourd’hui Montmagny compte une population d’environ 12 000 résidents.

 

LA VIE MUNICIPALE


En 1845, dès l’adoption de la loi municipale, Montmagny est incorporée en municipalité de village puis est reconnue municipalité de ville en 1883. Le secteur rural possède son propre conseil municipal identifié comme la « paroisse ». En 1966, les deux municipalités fusionnent pour devenir la ville de Montmagny.

 

LA VIE POLITIQUE


Malgré son éloignement des grands centres, Saint-Thomas participe à la vie politique du pays. Intégrée successivement aux comtés de Devon, et de L’Islet, la population locale envoie un député à la Chambre d’Assemblée représenter le comté de Montmagny à partir de 1853. Le politicien local que l’Histoire retiendra davantage est Étienne-Paschal Taché. Militaire et médecin, il organise en 1837, une assemblée patriote et reçoit dans son village les chefs du mouvement qui enflamme la région de Montréal. Louis-Joseph Papineau et Augustin-Norbert Morin s’adressent à la foule et présentent leurs principales revendications. À partir de 1848, Taché exerce plusieurs fonctions déterminantes dans la politique canadienne : membre du Conseil exécutif, commissaire en chef des Travaux publics et enfin, premier ministre du Canada-Uni de 1855 à 1857. Après avoir participé aux rencontres préparatoires à la Confédération canadienne, il est décédé à Montmagny en 1865.

 

 

 

 

L’ÉCONOMIE


Depuis les débuts de la colonie, les habitants de Saint-Thomas vivent au rythme de l’agriculture. À partir de 1830, la paroisse devient une concentration de services et de commerces. Des marchands viennent chercher les surplus pour les vendre sur les marchés de Québec et de Montréal. Dès la première moitié du XIXe, William Price lance à Saint-Thomas ses activités de commerce de bois et y achète des moulins à scie pour alimenter ses clients britanniques. La compagnie Price participe à l’activité économique de Montmagny jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. L’arrivée du chemin de fer en 1855 stimule l’économie de la région. Vers 1871, Amable Bélanger lance sa fonderie et quelques années plus tard, il débute la production de ses fameux « poêles » qui lui procurent une notoriété nationale. À partir de 1890, différentes entreprises utilisent la main d’œuvre locale pour produire de la machinerie agricole, du matériel électrique, des meubles, du textile et de produits alimentaires. Aujourd’hui, Montmagny demeure une ville industrielle qui expédie sa production vers les consommateurs canadiens et américains.

 

LA CULTURE


Sur le plan culturel, Montmagny s’est rapidement démarquée. En 1843, après Montréal et Québec, une troisième Société Saint-Jean-Baptiste voit le jour à Montmagny[2]. En 1848, les intellectuels locaux fondent la Société littéraire de discussions de St-Thomas. Dès 1847, un journal local, L’Écho de la presse, y est publié. Toutefois, son existence ne dure que quelques mois[3]. Puis à partir de 1881, plusieurs journaux paraissent : Le Courrier de Montmagny (1881), La Sentinelle (1883), Le Peuple (1900), Le Courrier-Sentinelle (1906). Faute de moyens financiers, certains de ces journaux auront une durée éphémère. Même si les premières parutions répondent à des objectifs politiques, la presse locale permet à la population d’être en contact avec ce qui se passe au pays et ailleurs dans le monde.

 

[1] Hébert, Yves – Montmagny, une histoire. 1646-1996. La Seigneurie, le village, la ville, Montmagny, s.é., 1996, page 64.

[2] Ibid.,  page 231.

[3] LABERGE, Alain dir. – Histoire de la Côte-du-Sud, Québec, IQRC, 1993, p. 356.

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